TEMPÊTE décembre 1999  
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IL faut bien garder le moral

La population se remet tout doucement des conséquences désastreuses
de la tempête et du mini raz-de-marée.
Rencontres avec des habitants, de L'Éguille à La Tremblade, au fil de l'estuaire

DOMINIQUE LAVEAU

 

S  ur la commune de L'Eguille, la     petite église a perdu son clocher pointu. La tempête n'a pas épargné la maison de Dieu, ce qui n'empêche pas les habitants de continuer à aller à la messe. Un autel provisoire a été installé dans la sacristie. " Par contre, s'il y a un enterrement, il faudra aller dans la commune voisine ", confie Gilbert Lajoux, adjoint au maire.Cela fait maintenant seize ans que Michel et Nicole Baux ont fait construire à L'Eguille, rue de l'Egalité. Couple à la retraite, ils n'imaginaient pas une seule seconde pouvoir retrouver leur maison inondée par 64 centimètres d'eau salée en moins d'un quart d'heure. Ils se sont réfugiés à l'étage sans rien pouvoir sauver. Les conséquences sont matériellement dramatiques: voiture irrécupérable, moquettes et tapisseries moisies, meubles imbibés, objets rouillés, tous les appareils ménagers hors service ( ... ). Ils n'ont pas eu l'électricité pendant cinq jours et France Telecom leur a remis le téléphone mercredi matin.

          AU-DESSUS
     DE NOS FORCES

 

Ils gardent pourtant une étonnante bonne humeur. Michel parvient à en rigoler: "Au moins, ça me fait de l'occupation, j'ai de quoi bricoler " Sa femme attend avec impatience de savoir dans quelle mesure elle sera remboursée. Elle montre ses clichés post-tempête comme autant de preuves du malheur qui les touche. Elle conserve le sourire mais ne peut s'empêcher de lancer: « Si ça recommence, je m'en vais.» Certains y ont d'ailleurs déjà pensé pour elle.

 
 

Malgré les nombreux dégâts, on attend les touristes dès le printemps
au camping Les Pins de Ronce-les-Bains (Photos DL. «Sud-Ouest »)

 

Au milieu de leur courrier du matin, une agence immobilière aux méthodes de vautour leur a envoyé une proposition d'évaluation au cas où ils voudraient vendre.
La route qui mène jusqu'à La Tremblade est pleine de gyrophares: 4 X 4 ou camions de pompiers, véhicules EDF, Trafic des bligades vertes du département. Trois semaines après la fameuse nuit du 27 décembre 1999, ces hommes, «panseurs " de plaies sont omniprésents. Au bout de la grève, les ostréiculteurs travaillent toujours avec application. Seul le paysage composé de cabanes détruites et de bateaux de plaisanciers en suspension hors de l'eau, rappellent les violences climatiques. Chez les Conseil, on fait de l'huître depuis cinq générations. Daniel Conseil évoque une calamité de même ampleur datant de 1935, comme pour minimiser l'évènement. Mais la violence des souvenirs plus frais reprend rapidement le dessus: « Ce qui s'est passé, c'est

 

au dessus de nos forces, avoue-t-il. On aurait dit un bombardement. Notre chance, c'est d'avoir récupéré très vite un groupe électrogène. Toutes nos pompes sont grillées. Mais nous ne sommes pas les plus à plaindre. Il y a des parcs où trois ans de travail sont foutus. C'est le demi-élevage qui a le plus souffert. Les stocks seront difficile à reconstituer. Concrètement, si l'Etat ne bouge pas, on l'a dans le baba."

     LES TOURISTES          RÉSERVENT
       QUAND MÊME

La station de Ronce-les-Bains a des allures de ville fantôme avec ses volets fermés, ses pins cassés, ses portails qui claquent au vent et ses toitures clairsemées. Certains avouent avoir eu les larmes aux yeux en se promenant là-bas, le lendemain de la tempête

 

A l'entrée de Ronce, les campings ont beaucoup souffert. Les bûches ont provisoirement pris la place des tentes et des caravanes sur le terrain des Ombrages qui aura bien du mal à garder son nom. chez son voisin, Les Pins,
on estime à 50 % les pertes en arbres.
Chez les Bourven-Deschamps, c'est le mobile-home qui est roi. Six ont été détruits, plus un cottage et quarante ont été touchés. Ils ont embauché pour remettre leur terrain en état et n'ont pas attendu les éventuels remboursements pour reconstituer leur flotte de mobil. Malgré les circonstances, la propriétaire, Christiane, reste confiante pour la saison à venir: « Nos campeurs téléphonent pour savoir où on en est. Mais ce qui les inquiète le plus, c'est la marée noire, pas la tempête. Une fois rassurés, ils réservent même pour le printemps ".

             
 

Daniel Conseil, ostréiculteur à La Tremblade:
« Les stocks seront difficiles à reconstituer

 

La maison des Baux a été inondée par 64 centimètres d'eau salée en moins d'un quart d'heure dans la commune de L'Eguille